"Avec Chris, après, nous serions devenus des amis et nous serions allés à Lyon ensemble à l’occasion, moi pour acheter toute sorte de documentation, lui pour faire un tour dans les bibliothèques ou à l’Institut Lumière..." (Chap.19 P.212)
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Illustration 1: Le projet Two Lyon présenté au MIPIM de Cannes. Illustration 2: l'Entrée triomphale de Napoléon à Lyon le 10 Mars 1815. |
François 1er et Napoléon avaient songé à faire de la capitale des Gaules, celle de la France. Le destin et l’histoire en ont décidé autrement. Il n’empêche que Lyon a toujours eu, ne serait-ce que par sa situation géographique idéalement placée au cœur de l’Europe, des ambitions internationales, des initiatives audacieuses et l’esprit précurseur.
L’exposition "Lyon, centre du monde ! L’exposition internationale urbaine de 1914" aux musées Gadagne en a été une formidable illustration. A la fin du XIXème siècle, les capitales rivalisaient entre elles à coup d’expositions universelles qui servaient de vitrines à la révolution industrielle et ont laissé d’ailleurs d’impérissables souvenirs.
Ce sont 4 hommes qui sont à l’initiative de cette grande exposition spécialisée à Lyon. L’architecte urbaniste Tony Garnier, le médecin et hygiéniste Jules Courmont et le vice-Président de la Chambre de Commerce Louis Pradel, homonyme de celui qui fut maire de Lyon dans la seconde moitié du XXème siècle. Ils ont proposé le projet à Edouard Herriot, sénateur-maire de Lyon et futur président du Conseil. D’emblée ce dernier avait trouvé le projet risqué. Il a pourtant vu le jour. On était en 1914. Et il paraît que personne ne se doutait de rien et qu’on croyait en un avenir radieux.
Lyon, capitale du monde et … de Lyon
Pour eux, il était question de présenter la cité moderne et hygiéniste au cours d’une exposition de grande envergure, mais en évitant qu’elle ne soit que commerciale. Le problème de l’hygiène est crucial dans les villes qui connaissent un fort développement. Le Vieux Lyon était encombré d’immondices, la tuberculose faisait 150.000 morts par an et l’alcoolisme s’occupait du reste.
Il s’agit certes de propreté, mais aussi de comportements. L’idée était neuve. Lyon s’inscrit dans l’avenir, s’ouvre des perspectives européennes auxquelles elle ne renoncera jamais et l’évènement résiste à la déclaration de guerre. L’exposition qui prône le bien-être et l’art de vivre va s’étendre sur 75 hectares dans le quartier de la Mouche, accueillir 60 pavillons autour du Grand Hall, 17.000 entreprises françaises et étrangères et 11 nations étrangères. Parmi lesquelles l’Allemagne dont la réussite industrielle fait l’admiration de tous et qui a construit le plus imposant des pavillons. Elle se retirera avec l’Autriche et les biens ennemis seront autant de prises de guerre.
L’exposition ira à son terme et fermera le 11 novembre 1914. Entre temps, et comme la guerre n’aura pas encore usé les belligérants on pourra admirer des objets d’art et rares comme les plus belles soieries lyonnaises du Premier Empire, le lit de Louis XVIII conservé au Louvre. Braque et Picasso seront au Salon des Peintres Modernes. Et puisqu’il est question de santé, un immense jardin est présenté, un village alpin avec une ferme modèle, une exposition coloniale.
Régis Neyret, le plus lyonnais des Lyonnais
Au moment même du vernissage de l’exposition sur l’exposition, est sorti aux Editions Lyonnaises d’Art et d’Histoire, l’ouvrage de Laurence Jaillard « Régis Neyret et Lyon. Un humaniste engagé dans sa ville ». Il devenait indispensable de raconter et de faire se raconter ce personnage plein d’esprit à qui l’on doit le sauvetage du Vieux Lyon, le plus vaste ensemble d’architecture Renaissance d’Europe désormais classé au patrimoine de l’Unesco.
On retrouve là les préoccupations hygiénistes, même si le temps a passé et que rien n’a vraiment évolué en matière de salubrité plusieurs dizaines d’années plus tard. Le quartier est sale et pauvre et si on le rase, on a de la place pour l’autoroute ! Sous l’impulsion de Régis Neyret qui fera le siège de la Mairie et des ministères pour que le Vieux Lyon soit le premier bénéficiaire de la nouvelle loi Malraux, le quartier sera sauvé.
L’espiègle Régis Neyret définit chaque maire de Lyon qu’il a connu en une phrase. Edouard Herriot, c’est la puissance du verbe, même quand il était physiquement très affaibli, Francisque Collomb - pas Gérard le maire dont Régis Neyret ne parle pas quand il se représente – est défini comme un démocrate, Michel Noir est « rayonnant » et Raymond Barre est reconnu comme un économiste international de premier plan . Bref, l’ouvrage est indispensable pour qui aime Lyon ou souhaite mieux la connaître.