Comment l'Occident a promis à l'URSS que l'OTAN ne s'étendrait pas, par Roland Dumas, ex-ministre.
Il ne s’agit pas ici de prendre parti pour un des adversaires du conflit. Le propos de cet article est uniquement d'accepter la réalité du moment et d'en examiner les justifications. Comme le dit Albert Camus « Le jour où le crime se pare des dépouilles de l'innocence, par un curieux renversement qui est propre à notre temps, c'est l'innocence qui est sommée de fournir ses justifications. [...]
Il s'agit de savoir si l'innocence, à partir du moment où elle agit, ne peut s'empêcher de tuer. [...] Nous ne pouvons agir que dans le moment qui est le nôtre, parmi les hommes qui nous entourent. [...] Le monde étant ce qu'il est, l'important est de savoir comment s'y conduire. » (L'homme révolté. Introduction. p14)...
La crise actuelle trouve son origine dans l’extension permanente de l’OTAN depuis la disparition de l’URSS.
Afin de tirer les choses au clair, le site les-crises.fr est allé demander à Roland Dumas ce qui a été dit et promis à l’URSS en 1990, en échange de la réunification de l’Allemagne. Au vu de l’importance historique de ses propos, ils les ont traduits en anglais, en allemand, et en russe.
La question de cette promesse est donc historiquement importante.
Cette interview confirme en tous points la brillante analyse des archivistes de l’Université George Washington, qui ont compilé les sources attestant de ces promesses. Nous vous recommandons de lire leur analyse dans ce billet : Expansion de l’OTAN : ce que Gorbatchev a entendu. (Source : Dossiers déclassifiés publiés par le National Security Archive, Svetlana Savranskaya & Tom Blanton, 12-12-2017)
Bien entendu, tout le monde s’accorde pour dire qu’il n’y a eu aucun engagement signé, ce que soulèvent, à raison les Américains, pétris de leur culture juridique.
Mais comme il s’agit de leur sécurité, les Russes ne voient pas ceci du même œil. Précisons aussi que cette promesse non tenue ne donne évidemment pas tous les droits aux Russes. Elle explique simplement l’état actuel de nos relations.